La concentration du secteur qui est en marche depuis 7 – 8  ans est clairement passée au stade des grandes manœuvres depuis le début de l’année 2015. Alors que l’on pouvait s’attendre à une consolidation par phases du type :

  • phase 1 : concentration départementale ou inter-régionale par achats de LAM individuels ou petits multi-sites;
  • Phase 2 : puis regroupement des principaux acteurs départementaux;
  • Phase 3 : et enfin consolidation à l’échelle nationale et internationale.

Le déploiement de ce schéma conduit, à horizon de 10 ans (+ ou – ), à un oligopole national de 5 à 7 acteurs qui détiendront 80% du marché. On constate aujourd’hui que ce raisonnement à marche cadencée est en train de voler en éclats. Rien de très surprenant lorsque l’on sait que la création de valeur d’un investisseur se fait plus facilement dans les phases de croissance et plus laborieusement dans les phases de maturité. Schématiquement, si l’investisseur revend, dans le premier cas, il valorisera le rendement et les perspectives de croissance dans le second, il ne valorisera que le rendement avec un aléa sur son maintien ou son développement.

C’est fort de ce principe que certains acteurs internationaux (des fonds d’investissement ‘large cap » notamment; ex : cinven) , ont décidé d’entrer dans la danse sans trop tarder. D’autres acteurs ont sans doute des visées entrepreneuriales et industrielles à plus long terme.

Ceci peut amener plusieurs réflexions stratégiques et patrimoniales pour les LAM restés indépendants. :

  1. Le nombre d’acquéreurs va se réduire … sans doute plus rapidement qu’initialement anticipé,
  2. Le choix d’un acquéreur local et indépendant devra s’apprécier à l’aune de l’horizon que l’on se fixe (3 ans, 5 ans, 10 ans).
  3. Les groupes issus des opérations en cours ne vont ils pas privilégier les plus grosses cibles pour accélérer leur croissance ?
  4. L’accélération de la consolidation bousculera t-elle, à terme, les méthodes de valorisation ? on peut craindre le passage d’une valorisation « de croissance » aujourd’hui exprimée dans le secteur en % du CA, à une valorisation « de maturité » qui sera exprimée en multiple de l’EBE;
  5. Le législateur sera t il tenté de faire évoluer son calendrier sur les révisions de nomenclature en considérant les nouvelles capacités financières de la majorité des acteurs ?

Au delà de ces réflexions et des nombreuses autres que peuvent avoir les professionnels dans leur quotidien (le cofrac, les conditions d’exercice, etc.), l’évolution du secteur présente aussi pour certains l’occasion de fédérer des confrères autour de nouveaux projets, de privilégier des voies d’excellence, etc .

« Si tu t’inquiètes du vent, tu ne sèmeras jamais. Si tu scrutes les nuages, tu n’auras pas de récolte… » L’Ecclésiaste.